Marion, Margaux, Anna et Simon.

Celles qui reprenaient les rênes - ALABAT.

« Je m’appelle Simon, j’ai 30 ans et je porte depuis mes 18 ans le rêve un peu fou de me lancer dans l’armagnac ».

A ce stade déjà 2 choses dont nous n’avons jamais parlé dans cette newsletter ; d’un homme et d’armagnac.

L’un parce que ce n’est pas tout à fait l’objectif ici, et l’autre parce que bien qu’il soit présumé le plus ancien des spiritueux français, il n’est pas le plus populaire. Simon est le créateur d’ALABAT, toute jeune marque d’armagnac dont la mission est de sélectionner des armagnacs issus de savoir-faire artisans en les mettant en lumière grâce au travail d’artistes. Et pour son lancement, Simon s’est entouré de 3 femmes : Marion, Margaux et Anna. Portraits croisés de ces vigneronnes, directrice artistique et entrepreneur aux fondements d’une marque de spiritueux.

Reconversion et histoire de famille.

Marion Glé-Tarbe et Margaux Dufréchou sont toutes deux vigneronnes aujourd'hui à la tête de leur domaine familial respectif ; Domaine de Poutëou et Domaine de Péré. Et l'armagnac a toujours fait partie de leur vie. Marion se souvient particulièrement de sa mère qui utilisait l'armagnac dans ses pâtisseries pour parfumer une pâte ou faire macérer des fruits.

Pourtant elles ont d'abord choisi de s'en éloigner. Marion aujourd'hui agée de 39 ans a d'abord fait carrière en temps que chercheuse scientifique parcourant la France et même le monde puisque son métier l'a amené à vivre en Chine. Et puis en 2019, à son retour de Chine l'enthousiasme qui l'animait alors pour son job n'était plus là. Au même moment, son père, à la tête de l'exploitation familiale, projette sa retraite. Qu'allait-il advenir des 4 générations d'armagnac stockées sur la propriété ? En y réfléchissant, reprendre l'exploitation faisait sens pour ses vies professionnelles et personnelles, alors elle saute le pas et depuis elle dirige le domaine avec sa soeur Cécile.

Margaux en revanche toujours eu la volonté de reprendre le domaine familial, le Domaine de Péré. Pas question en revanche de ne pas vivre ses propres expériences. Alors après une école de commerce et un cursus parsemé de stages autour du monde elle entreprend finalement un BTS en Viticulture et Oenologie. Désormais elle travaille à perpétuer le développement de ce domaine qui lui est cher.

Toutes deux partagent la fierté d'avoir su reprendre un domaine malgré les changements - notamment pour Marion habituée à la vie urbaine - que ça a amené pour poursuivre le travail entrepris des générations avant elles.

Powerpoint et enthousiame.

Lorsque Simon Vigneau au départ uniquement armé d'un rêve les rencontre, elles écoutent. Recommandé par des connaissances proches (sa soeur pour Margaux, un cousin éloigné pour Marion), Simon se présente à elles pour sourcer des armagnacs à embouteiller mais surtout rencontrer des hommes ou des femmes au savoir-faire artisanal à mettre en valeur. Petit à petit il concrétise son rêve, avec un joli powerpoint et un business plan à l'appui, et les deux professionnelles acceptent de participer à l'aventure ALABAT.

Dès le départ, Simon sait que la personne derrière chaque création sera mise en valeur dès l'étiquette. “L'armagnac est un spiritueux particulier, artisanal et indomptable” décrit Marion, “artisanal car le savoir-faire du producteur est important pour chaque étape du processus : la culture de la vigne et les vendanges, la vinification puis la distillation et enfin le vieillissement sont autant d'étapes qui nécessitent un savoir-faire et de l'expérience ; indomptable car, malgré une parfaite maîtrise de chaque étape du processus et de leur répétition année après année chaque millésime et chaque barrique donne un armagnac singulier.”

Simon choisit alors Anna Petrissans, artiste et directrice artistique de l'agence Waaz à Biarritz pour traduire ce spiritueux et ses artisants directement sur la bouteille. Pour Anna, pour qui l'histoire avec les spiritueux débute - comme beaucoup - au moment des premiers verres chapardés au détour d'un repas de famille où l'alcool brûle et dégoûte, chaque vigneron.ne est une source d'inspiration. Chaque embouteillage révèle une étiquette unique issue là aussi d'un travail artisanal. En amont un portait est d'abord réalisé sur une toile utilisant des couleurs vives inattendues, pour le côté nouveau souffle, aux formes presque graphiques. L'inspiration et la retranscription en peinture viennent de ce qu'elle a ressenti, explique Anna, lorsqu'on lui a conté le produit.

Pour chaque cuvée embouteillée, l'étiquette présente un découpage du tableau initial qui permet de mettre en avant une facette de chacune d'entre elles comme une cuvée peut refléter une partie de la production, précise Anna.

Sourires joviaux, réelle évolution.

Ce qui est chouette dans le projet de Simon c'est que le choix de collaborer - pour le moment - qu'avec des femmes (vigneronnes ou artiste) n'a pas été une volonté. C'est véritablement les rencontres qui ont donné vie à ce projet sans que la question du genre n'en soit une. Un signe que la position de femmes à la tête d'exploitations est de moins en moins un sujet, bien que comme le souligne Marion “on sent que malgré les sourires joviaux de la gente masculine (lors de réunions de l'interprofession ndlr.), ils sont un peu septiques quant à notre crédibilité et à notre réussite, alors que dans la même situation, un homme sera accueilli à bras ouverts comme la suite tout à fait logique pour l'entreprise.”

Marion comme Margaux ont chacune suivi leur instinct en rejoignant l'exploitation familiale et par le plaisir qu'elles communiquent à participer à des projets comme celui d'ALABAT, on comprend combien cela est le meilleur conseil qu'elles puissent nous donner.

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