Marie Ferrand.
Maitre de Chai, Isautier.
Celle qui revenait aux origines.
Il faut parfois faire le tour du monde pour comprendre que notre rêve était sous nos yeux. C'est un peu ce qu'a vécu Marie Ferrand. Cette réunionnaise 100 % a quitté la Réunion pour ses études puis pour son travail. Ingénieure en sciences de formation, Marie Ferrand est désormais la Maître de Chai des rhums Isautier. L'occasion de découvrir ce qui se cache derrière ce métier.
On est toujours mieux chez soi.
Lorsqu'on grandit à la Réunion, avec une mère réunionnaise et un père zoreille (métropolitain installé dans les DOM-TOM), la culture du rhum fait partie du quotidien. Vivre sur une île amène forcément un rythme de vie différent, alors dès qu'elle a vu l'occasion de partir découvrir autre chose, Marie a saisi l'occasion.
C'est comme cela qu'elle a, dans une première partie de sa carrière en tant qu'ingénieure, exploré la production et la logistique de différentes industries. Il y a 11 ans, elle décide qu'il est temps de rentrer à la maison. Ce qu'elle allait y faire n'était pas défini, elle voulait simplement que ses compétences soient au service du savoir-faire de l'île. Et, le hasard l'a fait pousser la porte d'Isautier.
De métier à passion.
Marie est d'abord embauchée comme Responsable d'Exploitation, c'est-à-dire pour superviser le vieillissement et la logistique du chai. Elle est guidée par une personne externe sur la partie vieillissement. La largeur de son périmètre et la "magie" qu'elle perçoit dans les chais font naître une véritable passion pour son métier.
Elle apprend alors beaucoup, et puisque la Maison Isautier avait pour projet de ré-internaliser le suivi du vieillissement, elle va, petit à petit, dépasser son guide pour prendre la tête du chai - en toute transparence et bienveillance. Une belle opportunité pour cette hédoniste, pour qui le rhum fait (presque) partie du quotidien mais qui, elle l'avoue aujourd'hui, ne connaissait pour ainsi dire pas les rhums vieux.
L’art de prendre le temps.
Maître de Chai, en fait, ça veut dire quoi ? On lui a posé la question pour vous :
"mon rôle c'est de mettre en vieillissement les eaux-de-vie, d'en suivre l'évolution, d'imaginer les assemblages, je supervise aussi la production des rhums blanc et j'interviens sur l'innovation de produits" nous indique Marie.
Après 11 ans chez Isautier, elle a accumulé des compétences impressionnantes, lui permettant de se rappeler des différentes eaux-de-vie dans son chai, et nourrissant aussi sa créativité. Elle poursuit la démarche innovante initiée par Antoinette Isautier, qui en 1865 se retrouve à la tête de la société après la perte de son mari. Les quelques années de son mandat furent décisives pour le développement de l'entreprise et l'exportation des rhums à l'étranger.
Si aujourd'hui une femme à la gestion d'une entreprise de spiritueux n'est pas rare, une telle approche à cette époque a marqué l'entreprise. Comme une continuité, Marie a ainsi toujours vu une belle égalité des chances au sein d'Isautier qu'importe le genre. Et d'ailleurs, Marie parle avec beaucoup d'enthousiasme du travail de son homologue, Louise Bouilloux sur les rhums arrangés. La sororité au sein des spiritueux a alors de beaux jours devant elle.